Haute-Fidélité n° 111 mai 2006                                   



3 QUESTIONS A JEAN MARIE REYNAUD

Depuis presque quarante ans, le concepteur charentais pense et réalise des enceintes dont la performance et la notoriété ne sont plus à démontrer. Mais des observateurs affutés ne sont pas sans penser que depuis quelques années, le chef a passé la surmultipliée. Conversation ...



Depuis que vous concevez des enceintes, quels sont les critères techniques auxquels vous êtes restés indéfectiblement fidèle, et quels sont ceux sur lesquels vous avez évolué ?

J'ai toujours attaché une très grande importance à tous les paramètres techniques mesurables d'une enceinte acoustique ; ces critères n'ont pas évolués ils se sont enrichis au fur et à mesure de l'avancement de mes connaissances et des moyens de développement mis progressivement à ma disposition au laboratoire.
Une enceinte acoustique digne de ce nom est tout d'abord un objet technique dont le développement doit passer par de nombreuses phases d'expérimentations en laboratoire. Aucun modèle en cours n'étude n'est écouté avant qu'il ne soit satisfaisant sur les nombreux critères techniques qui font partie de son cahier des charges. L'écoute n'est là que pour valider la mesure, en aucun cas elle ne doit se substituer à elle. L'oreille ne doit intervenir qu'en tant que juge de paix... Il faut, pour cela qu'elle soit bonne et expérimentée... Riche de 38 années d'expérience techniques et d'écoutes (à la fois de musique vivante et de haute-fidélité), je pense aujourd'hui que la réponse temporelle d'une enceinte (sa réponse en phase) et le temps d'établissement de ses trains d'ondes sont les deux critères les plus fondamentaux. Ils sont les seuls vrais garants de la fidélité aux timbres (seul paramètre subjectif quantifiable à l'écoute). En outre la réponse en phase doit être excellente à la fois dans l'axe mais aussi hors de l'axe et c'est sans aucun doute le paramètre le plus difficile à optimiser car il fait intervenir la qualité intrinsèque des haut-parleurs et à part égale la géométrie de l'enceinte dans laquelle ils seront installés.



Pourquoi la Concorde Signature nait-elle aujourd'hui ? Et pourquoi sa maturation a-t-elle nécessité tant de recul ?

La Concorde Signature est la suite logique de mon travail têtu et patient, elle est née de mon envie d'être encore plus près de la musique sans pour cela oublier l'objectif que j'ai toujours eu : la plus grande "domesticité" possible. Le tweeter double ruban qu'elle utilise faisait partie de mes rêves (de mes fantasmes...). Il est à mes oreilles le haut-parleur d'aigu le plus parfait que je connaisse, c'est à partir de lui que toute l'enceinte s'est architecturée et il aura fallu des mois de patience et de réflexion. Au fond, concorde c'est 38 ans de travail...



Depuis la naissance de l'Offrande, vos produits trahissent un caractère beaucoup plus affirmé. Pourquoi ?

C'est sans doute le privilège de l'âge que d'aller au bout de ses désirs et de ses convictions... Je travaille d'abord pour mon plaisir personnel, chaque produit doit répondre à mes propres critères, à mes propres exigences musicales à mon propre goût. Je dois me sentir en totale harmonie avec lui. Cette démarche est sans doute éloignée du "marketing triomphant" qui fait souvent prendre certaines vessies pour des lanternes. Elle n'est pas faite pour plaire au plus grand nombre et sincèrement je m'en réjouis... Je l'écrivais il y a quelques années, je le redis aujourd'hui, je fabrique pour ceux qui me ressemblent. Je laisse le "snake oil" et autres poudres de "Perlinpinpin" à ceux qui savent habilement en user. Je ne m'intéresse qu'à la vraie technologie, celle qui sert la musique et qui nous permet d'être de plus en plus proche d'elle en nous la faisant mieux comprendre, celle qui aide à mieux saisir le véritable discours des musiciens et des interprètes.




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