Essai des Jean-Marie Reynaud Trenté et Magic Stand  



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La Trenté avec la finition hêtre teinté et son cache, spécifique à la marque.




Fiche technique de la Trenté :

Puissance admissible : 80 Watt
Puissance crête répétitive : 240 Watt
Impédance : 4 ohm
Bande passante : 45 - 22000 Hz
Sensibilité : 88 dB/W/m
Distorsion : inférieur à 1% (niveau 84 dB)
Pression acoustique nominale : 106 dB
Raccordement : mono et bi-câblage     
Dimensions : H 50cm, P 27cm, L 20cm
Poids : 8 Kg
Finition : laqué noire ou hêtre teinté
Prix : 2042 € (noire) et 2256 € (hêtre)




Le tweeter débafflé à cone avec la superbe ogive en metal massif.




Le Magic Stand




Fiche technique du Magic Stand :

Mode de fonctionnement :  double résonateur
Bande : 100 - 400 Hz
Hauteur hors tout : 71cm
Largeur / profondeur de la colonne : 15cm
Dimension de la base : L 23cm, P 30cm
Plateau support : L 15 cm, P 25cm
Poids : 6.7 Kg
Finition : laque satinée noire
Prix : 381 €




La trenté en finition noire satiné pour un look  monitor de studio.




CD utilisés pour ce test :

 Ben Harper "There will be a light" (virgin - 2004)   Bowers & Wilkins  "Collection Vol.1" (B&W - 2001)   Marcus Miller "The Ozell Tapes" (Telarc - 2002)
 
 Anouar Brahem Trio "Thimar" (ECM - 1998)   Diana Krall  "All for You" (Impulse - 1996)   Yves Rousseau "Fées et gestes" (CC production - 2000)
 




Tous les bancs d'essai de la Trenté :

Haute Fidélité     nº 42 avril / mai 1999
*
                          nº 50 avril / mai 2000
                          nº 56 décembre 2000
                          nº 57 février / mars 2001
                          nº 69 juillet / août 2002

Prestige Audio Vidéo  nº 37 novembre 1998
                                   nº 94 juin 2004

Revue du Son  nº 225 décembre 1998

Le Monde de la Musique  nº 230 mars 1999
                                        nº 251 fév 2001
                                        n° 296 mars 2005

Diapason  nº 462 septembre 1999
*
                nº 29 (hors série)*

Listener (USA)  Juin 2000

Fidelta Del Sueno (Italie)  nov / déc 1999

Positive Feedback  février 2003

* Magic Stand seulement




Quelques accessoires pour la Trenté :

Le CD de rodage Magic CD de Jean-Marie Reynaud.  Les straps HMS lsc 6
         Magic CD                Straps HMS lsc 6

 Jean-Marie Reynaud fait partie des constructeurs français qui jouissent d’une réputation internationale enviable. Voilà plus de 35 ans qu’il réalise des enceintes de très grande qualité sans jamais succomber aux modes passagères. La merveilleuse Offrande, créée en 1994 et plus que jamais d’actualité aujourd’hui, est une preuve de la pérennité de ses produits mais aussi d’un esprit novateur et précurseur.


  La Trenté

  La Trenté peut justement être considérée comme la petite sœur de l’Offrande. C’est une enceinte au format monitor, il faudra donc veiller à la poser sur un pied de qualité tel que le Magic Stand, que nous détaillerons plus loin. La finition est vraiment magnifique avec un plaquage hêtre sur les deux faces (pour une répartition identique des tensions) et, surtout, des parois latérales en latté de hêtre massif (une finition laquée noire est également disponible, pour un look plus pro), gage d’une très grande rigidité et d’un minimum de résonances.

Le tweeter utilisé est un modèle original puisqu’il s’agit d’un diffuseur à cône.  Il se rapproche de l’idéal théorique à savoir que l’énergie est créée de l’intérieur vers l’extérieur et non de l’extérieur vers l’intérieur comme c’est le cas avec les modèles à dôme. Les problèmes de variation de phase et d’impédance s’en trouvent alors abolis. Une ogive en métal, usinée à la perfection, permet d’optimiser la réponse hors de l’axe. Ce tweeter est monté dans une pièce de bois massif tournée avec une grande précision et installé au sommet de la caisse.  Les effets de bord sont ainsi évités et les lobes de directivité parfaitement réguliers.

Le Haut-parleur de grave-médium est une nouvelle version réalisée sur cahier des charges par Audax, le célèbre manufacturier français. C’est une superbe pièce de 17 cm de diamètre à double bobine dont la membrane, en aérogel pur, est maintenue par une double suspension périphérique garante d’un amortissement proportionnel à l’amplitude des débattements. Il est solidement fixé au baffle par quatre vis BTR et entouré d’un enjoliveur doré du plus bel effet.

La charge adoptée est spécifique à Jean-Marie Reynaud et permet d’augmenter considérablement la réponse dans le grave. Il s’agit d’une ligne triangulaire accordée débouchant sur un évent laminaire placé sous le haut-parleur de grave. Contrairement aux autres modèles de la marque, il n’est pas amorti par de la mousse. Il n’est fait usage que de très peu d’absorbants, ceci étant rendu possible par l’absence de parois parallèles.

Le filtre a également bénéficié de soins attentifs. En effet, il n’utilise que des composants de haute qualité tels que des condensateurs à armatures en étain ou des selfs à air en cuivre pur bobinées manuellement. C’est un modèle du 1er et du 2ème ordre avec des pentes d’atténuation respectivement de 6 et 12dB par octave. Les coupures sont situées à 1200Hz et à 3800Hz. L’ensemble est accolé à un double bornier plaqué or de qualité mais, hélas, relié par des cavaliers en tôle dorée. On veillera donc à les remplacer soit par un morceau de câble soit par un cavalier high end acheté séparément (j’utilise un HMS LSC 6 qui marche très bien et qui reste encore accessible). Sous le bornier, on trouve le numéro de série de l’enceinte et les classiques indications de puissances admissibles et d’impédance. On aurait pu souhaiter autre chose qu’un simple autocollant mais le but est peut-être de pouvoir l’enlever pour épurer l’ensemble au maximum.

Enfin la touche finale qui est devenu le signe de distinction des Jean-Marie Reynaud: le cache haut-parleur en forme de blason que l’on prendra soin d’ôter pour les écoutes afin de rendre justice à tout le travail effectué.
Ainsi, malgré des apparences peut-être moins  « high tech » que ses concurrentes, les Trenté renferment des merveilles de technologie que bien d’autres pourraient lui envier.


  Le Magic Stand

 
Le Magic Stand est le complément idéal de la Trenté. Ce pied est très diffèrent de ce que l’on trouve habituellement sur le marché. Effectivement, contrairement aux autres modèles qui misent tout sur la rigidité, l’inertie et la stabilité, les Jean-Marie Reynaud utilisent deux résonateurs à fréquences décalées. Ceux-ci ont pour but d’éviter la formation d’ondes stationnaires entre le sol et l’enceinte.

La finition laquée noire est bonne mais elle n’atteint malheureusement pas le niveau des Trenté. Quel dommage qu’il n’existe pas une version en latté de hêtre! D’ailleurs, la fabrication du Magic Stand est actuellement stoppée, le coût de fabrication étant trop élevé (je tiens ça de mon revendeur). Espérons que Jean-Marie Reynaud se penche sur le sujet et nous concocte un « Super Magic Stand » pour notre plus grand plaisir.
Les supports sont livrés avec du « blu-tack » qui permet de solidariser l’enceinte à celui-ci pour un couplage optimal.


  L'écoute

 
Les enceintes et les pieds sont livrés dans de solides emballages cartons protégeant parfaitement leur intégrité. La position des enceintes sera trouvée après plusieurs essais, on notera que j’ai obtenu les meilleurs résultats en les pinçant légèrement de quelques degrés vers le point d’écoute. Il faudra observer une période de rodage assez longue. Le cas échéant , le Magic CD m’a été d’une grande utilité, me permettant de réduire considérablement cette période.
En ce qui concerne l’amplification, une solide alimentation s’avère indispensable pour tirer la quintessence des enceintes, le rendement étant moyen. Néanmoins, le module d’impédance ne descendant pas trop bas, aucun problème de stabilité ne sera à craindre.
   
Je connais bien les enceintes Jean-Marie Reynaud et j’avoue que j’ai toujours succombé à leurs charmes immenses. En effet, avant les Trenté, je fus l’heureux propriétaire d’Arpeggione et de Cantabile et j’en garde plus qu’un très bon souvenir le tout teinté de nostalgie. Mais revenons aux Trenté qui vont assurément encore plus loin que ses petites sœurs…

Commençons par la cinquième et la sixième plage du dernier album de Ben Harper (voir la rubrique disques du mois), There will be a light. L’introduction à la guitare est d’une très grande présence, on entend parfaitement chaque nuance de son jeu si particulier, mais sans aucune trace de vulgarité. Puis lorsque les voix et les percussions apparaissent progressivement tout reste parfaitement en place, les sonorités se superposent simplement. On accède alors à une perceptive sonore qui dépasse largement le cadre des enceintes. Il faudra donc veiller à conserver une distance suffisante avec le mur arrière pour préserver toute cette ampleur peu commune et jouissive. Les Trenté apparaissent parfaitement équilibrées et l’on peut juste noter un léger soupçon d’embompoint dans le bas-médium qui n‘affecte en rien ses qualités. Voilà une enceinte qui respire une optimisation et une finalisation à l’oreille.

Changement de style avec le titre Toque de Santo extrait du disque test Collection Vol.1 de Bowers & Wilkins. Ici on prend conscience des véritables capacités des Trenté, en l’occurrence extraordinaires. Elles rendent justice aux enregistrements de très bonne qualité. Et c’est le cas ici avec ce disque capté en pure stéréo, avec un couple Schoeps que je connais trés bien (j‘en utilise quotidiennement). Le naturel atteint des sommets et la précision de l’image stéréo vous donne la chair de poule. Il est vrai que les monitors sont réputés pour cela mais les Trenté ajoutent à la scène sonore un coté humain et réaliste que l’on ne rencontre que très rarement sur ce type d’enceintes habituellement froides.  Le tweeter débafflé et la qualité du filtrage y sont certainement pour beaucoup. La technique de prise de son de chaque enregistrement est clairement identifiable et ce pour le meilleur comme pour le pire… Mais lorsque qu’ils sont bons, c’est vraiment grisant d’être aux premières places d’un concert ou dans la cabine d’un studio.

La dynamique et la tenue en puissance sont également à citer en exemple. Pour preuve, l’écoute de l’album Fées et Gestes d’Yves Rousseau, un superbe enregistrement qui vient d’être réédité après plusieurs années d’indisponibilité. L’artiste alterne moment intimiste et explosion sonore, et bien les Trenté suivent le pas sans broncher d’un iota avec un souci du respect des plus petites inflexions, de la moindre différence de niveau étonnant. Les sonorités de la batterie sont infiniment variées et subtiles quant à la grosse caisse, elle est dotée d’une assise réaliste vraiment bleuffante qui rappelle les sensations du direct.

Continuons donc de voir ce dont la Trenté est capable dans le grave avec le bassiste Marcus Miller, live avec l’album The Ozell Tapes. Les sonorités de son instrument sont d’une consistance inhabituelle. La lisibilité sur chaque note est parfaite et là encore, ce registre ne vient pas baver sur les autres. Les sons se déploient avec autorité tout en gardant une souplesse aérienne bien venue. Aucune lourdeur n’est à craindre et pas la moindre lassitude n’apparaît après plusieurs heures d’écoute.

Pour pousser le bouchon encore plus loin dans l’exploration du registre grave, écoutons Thimar d’Anouar Brahem, signé sous le mythique label ECM. La contrebasse enregistrée de très près est restituée avec une profondeur hallucinante. Jamais on aurait pu penser pouvoir taquiner des fréquences aussi basses avec un 17cm chargé dans un si faible volume. Mais le plus surprenant c’est que tout le reste de la bande audio reste parfaitement en place. Effectivement, toujours sur cet enregistrement, on constate que le rendu du jeu de Dave Holland à la basse ne varie pas lorsque les deux autres musiciens commencent à jouer. A l’autre bout du spectre l’oud est d’une très grande finesse, lumineux mais jamais agressif. On croirait avoir à faire à des enceintes beaucoup plus imposantes et force est de reconnaître la maîtrise totale de Jean-Marie Reynaud dans la charge triangulaire accordée dont il est arrivé à extraire toutes les possibilités. C’est vraiment jouissant de pouvoir monter le volume sans noter une hausse significative de la distorsion ou une baisse de la cohérence. Bien sûr les Trenté ont des limites et n’en attendez  pas la pression d’un 38cm chargé par un volume de 200 litres. Mais utilisées dans de bonnes conditions, dans une pièce aux dimensions  raisonnables là où il est inutile de surcharger en registre grave pour éviter les résonances, elles donneront un plaisir immense.

Enfin terminons avec la sublime Diana Krall et le très sensuel I’m Thru with Love de l’album All For You. On ne manque pas d’être surpris par la grande richesse harmonique du piano. Celui-ci apparaît parfaitement timbré, filant très haut. De l’action sur les touches, à la vibration des cordes puis de la table d’harmonie jusqu’à l’extinction, on ne perd rien du jeu minimaliste de la Canadienne. On entend même clairement les pédales qui s’enfoncent et les bruits de mécaniques. La voix, très définie, est d’une grande expressivité: on a l’illusion que Diana vous chuchote à l’oreille. L’atmosphère feutrée et ouatée inhérente à cette musique est retranscrite à la perfection.

Il se passe vraiment quelque chose avec ces enceintes sans que l’on puisse vraiment expliquer ce que c’est. Non pas qu’elles soient les plus équilibrées (on remarque une légère rondeur dans le bas médium), elles n’ont pas la bande passante la plus large qu’il soit mais il y a ce je ne sais quoi dont Jean-Marie Reynaud a le secret et qui fait de chaque écoute une satisfaction intense. On retrouve toute la philosophie de ce concepteur génial, à savoir privilégier le plaisir d’écoute avant tout, tout en restant à la pointe technologiquement. Si, tout comme moi, vous adhérez à cent pour cent à ce concept alors il y a fort à parier que ces Trenté, accompagnées des Magic Stand vous feront littéralement fondre de bonheur.


  Conclusion
     
 
Quel est le principal : écouter de la Musique ou bien ressentir La Musique? Si vous penchez pour la deuxième réponse, tendez une oreille sur la Trenté et le Magic Stand, vous serez aux anges. Si ce qui vous importe c’est le son pour le son, alors passez votre chemin… Moi j’ai choisi, j’adore!



Julien Daguin         



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